Générateurs de son
Il existe deux grandes familles de jeux. Ceux qui produisent le son à l’aide d’un sifflet, comme la flute à bec, et ceux qui le produisent par la vibration d’une languette, comme la clarinette.
Contrairement à ces instruments qui sont capables de produire plusieurs notes, un tuyau d’orgue ne sait en produire qu’une seule. Il nous faudra donc généralement 52 tuyaux pour constituer un jeu. Nous verrons cependant qu’il existe des exceptions à cette règle.
Les jeux à bouche
Les jeux qui produisent le son à l’aide d’un sifflet sont appelés ainsi. Le sifflet est en effet constitué d’une lumière, d’un biseau et de deux lèvres, comme pour une flute à bec.
Leur longueur détermine la hauteur de la note produite, leur forme détermine le timbre, la sonorité de cette note.
Le timbre
Les jeux portent un nom, parfois plus ou moins évocateur de l’instrument d’orchestre qu’ils « imitent », parfois très spécifiques à l’instrument. La Montre, par exemple, est le jeu qui est exposé en façade de l’instrument. Voici quelques exemples de jeux à bouche :
La partie du tuyau située au dessus du sifflet s’appelle le corps et constitue le résonateur. Dans le cas d’un jeu à bouche, sa longueur détermine à elle seule la hauteur de la note et son profil détermine le timbre.
La Flute a un diamètre supérieur à la Montre, elle produira un son plus « rond » ; la Gambe, plus fine produira un son plus « acide ».
Le Bourdon est un peu particulier. En effet ce jeu est bouché à son extrémité supérieure. Ceci a pour conséquence principale de produire un son à l’octave inférieure d’une flute de même longueur. Autrement dit, pour jouer à l’unisson d’une flute, sa longueur sera de moitié. De plus, les jeux bouchés produisent un son plus sourd. Ils sont toujours appelés « Bourdons ».
Il existe également, des tuyaux semi-bouchés. Le bouchon comporte en effet un trou de diamètre inférieur au corps, ce trou étant surmonté d’une cheminée. La hauteur du son produit dépendra alors de plusieurs paramètres. Les jeux à cheminée apportent une sonorité plus brillante que les bourdons.
La hauteur
Pour un jeu donné, nous avons donc autant de tuyaux qu’il y a de notes sur le clavier. Nous prenons comme référence la longueur du tuyau correspondant à la note la plus grave du clavier. Par exemple, une Montre de 8 pieds indique que la note la plus basse de ce jeu est jouée par un tuyau de 8 pieds de haut, ce qui fait tout de même environ 2,50 M. Il s’agit d’un jeu ouvert, la fréquence correspondant est d’environ 127 Hz, soit le DO 2.
Dans le cas du Bourdon, nous parlerons d’un Bourdon de 8’ parce qu’il joue à l’unisson d’une flute de 8 pieds. En réalité, sa longueur effective sera de 4’.
Les jeux de 8 pieds sont considérés comme la base de L’orgue. Cependant, nous allons trouver des jeux d’une longueur inférieure. Par exemple, un Prestant de 4’, qui sonne à l’octave supérieure par rapport à un jeu de 8’. Nous trouvons des jeux de 4’, 2’ et même 1’. Souvenons nous que lorsque l’on divise une longueur par 2, nous passons à l’octave supérieure. Par conséquent, un jeu de 1’ démarre au DO 5. La note la plus haute d’un tel jeu atteint les limites de l’audition humaine.
De même, du côté des basses, nous pourrons trouver des jeux de 16’, 32’ et même éventuellement 64’ sur de très gros instruments. La note la plus basse d’un jeu de 64’ correspond à peu près à 16 Hz. Nous atteignons, voire dépassons ici aussi les limites de l’audition humaine. Notez qu’un jeu ouvert de 64 pieds mesurerait approximativement 21 Mètres (environ 8 de nos étages modernes)...
L’orgue se présente donc comme le seul instrument capable de couvrir à lui seul toute l’étendue du spectre sonore audible.
L’ensemble de ces jeux constituent ce que l’on appelle les « fonds de l’orgue ».
Les mutations
Ces jeux sont un peu spéciaux, dans la mesure où ils ne correspondent pas à un multiple (ou sous-multiple) entier du jeu de base qu’est le 8’. Ils correspondent en fait à des harmoniques comme la quinte ou tierce.
Le « Gros Nazard » par exemple sonne à la quinte d’un jeu de 8’, son tuyau le plus long mesure 5 pieds et 4 pouces.
La « Grosse Tierce » sonne à la tierce d’un jeu de 4’. Il fait 3 pieds et 2 pouces.
Nous ne détaillerons pas toutes les mutations simples possibles. En vrac, le Nazard, la Tierce, le Larigot. Tous ces jeux sont appelés « mutations simples » car ils sont constitués d’un seul tuyau par note.
Il existe également les « Fournitures » qui sont aussi des mutations, mais qui font sonner plusieurs tuyaux par note. Une fourniture comprend au moins 3 rangs (3 tuyaux par note), et peut aller jusqu’à 7 rangs. Ces fournitures sont constituées d’assemblages de jeux de fond et de mutations simples, le plus célèbre étant sans doute le « Cornet à 5 rangs ».
Les jeux d’anche
Ici, le son est produit comme dans une clarinette :
La languette entre en vibration contre l’anche sous l’écoulement du vent. L’anche et la languette sont fixées et coincées dans le noyau à l’aide d’un coin de bois. La rasette permet d’agir sur la longueur de la languette qui entrera en vibration, donc sur la hauteur de la note produite.
Le corps du tuyau ne sert ici qu’à faire varier le timbre du jeu. Ces jeux sont accordés comme des jeux de fonds de 16, 8 ou 4 pieds. Bien que la longueur n’ait ici rien à voir, nous parlerons toujours de jeu de 16, 8 ou 4 pieds.
Les jeux d’anche ont une sonorité très spécifique, une puissance sonore généralement plus grande que les jeux à bouche, et se trouvent généralement dans le fond de l’instrument, sauf lorsqu’ils sont placés « en chamade ». Une trompette en chamade est un jeu d’anches, généralement de 8’, placé horizontalement en façade de l’instrument, de manière à pouvoir exploiter toute la puissance sonore de ce jeu.
Une particularité de ces jeux est qu’ils ne couvrent pas forcément toute l’étendue du clavier. Si une trompette 8’ le fait généralement, un Hautbois ne couvrira par exemple que la moitié aigüe du clavier, alors qu’un basson ne couvrira que la moitié grave.
Il existe là encore une grande quantité de jeux, citons en vrac, les bombardes, les trompettes, les clairons, les bassons, hautbois, cromornes, voix humaines, musettes, régales etc.
Les jeux d’anches ont particulièrement été employés dans les factures espagnoles et françaises pré-romantiques.
Les matériaux
Hormis les jeux de grande taille, qui sont souvent en bois, les jeux sont construits de préférence en étain ou en « étoffe » qui est un mélange de plomb majoritaire auquel on ajoute jusqu’à 20% d’étain, plus rarement en laiton. Certains facteurs ont même osé utiliser le zinc.